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Johanna Hawken. De la philosophicité des ateliers philo avec les enfants

Johanna Hawken. Maison de la philo. Romainville. Philosophons les enfants. Citation.

 

"Sommes-nous en train de philosopher?"

 

 

Si la moitié d’une pomme, c’est encore de la pomme, la moitié de la vérité, c’est déjà un mensonge, comme dit la chanson (Enzo Enzo).

Mais qu’en est-il de la philosophie ? À partir de quand peut-on estimer que nous sommes dans son champ, et à partir de quel endroit en sommes-nous sortis ? Philosopher un peu, est-ce pratiquer la philo, ou s’adonner à une autre discipline ? Dans ce cas, laquelle ?

Les animateurs d’ateliers de philosophie pour enfants se sont tous posé cette question, celle de la philosophicité des propos des enfants, une philosophicité dont ils sont les garants. Et c’est d’ailleurs sur ce point que les contempteurs de cette pratique nous attaquent : il y a une suspicion sur la capacité des enfants à philosopher. Surtout, la philosophie, pour se trouver, doit-elle parfois passer des chemins non spécifiquement philosophiques ?

J’ai trouvé, sur ce sujet qui me préoccupe beaucoup, un très beau passage, très éclairant et définitif dans le livre de Johanna Hawken (références et liens ci-dessous), un passage qu’elle m’a gentiment autorisé à reproduire ici :

 

« Tout au long des ateliers, on se questionne : sommes-nous en train de philosopher ? Lorsque les enfants ne philosophent que légèrement, maladroitement, confusément, est-ce qu’ils philosophent tout de même ? Si l’on ne philosophe qu’un peu, philosophe-t-on réellement ? On a parfois l’impression de titiller la limite entre le philosophique et le non-philosophique. Certaines discussions nous laissent même une impression d’échec. Face à ces doutes, il est important d’avoir des principes qui se situent à l’horizon de la pratique, pour pouvoir jauger les moments où l’on touche aux critères de la philosophie. Parfois, on atteint certains objectifs et pas d’autres, mais – pour le moins – on peut cibler ceux qui sont atteints. Par ailleurs, je pense qu’il faut aussi assumer ces incertitudes et accepter l’idée que chaque minute de chaque atelier ne peut être empreint d’une teneur maximale de philosophicité. Oui, parfois les enfants bavarderont, tergiverseront, se perdront dans l’anecdote, les banalités, les préjugés, mais ces écarts ne doivent pas les condamner. Pourquoi ? Tout simplement car c’est le lot de tout individu philosophant : que l’on soit adulte, étudiant, ou enseignant, on est condamné à s’éloigner – parfois – du philosopher. En revanche, la reprise en main de ces écarts constituera le cœur de l’éducation philosophique.

En outre, il faut assumer les incertitudes car le tâtonnement est le propre de l’apprentissage : apprendre, c’est toujours acquérir une compétence en se frottant à l’erreur. Même si l’on ne philosophe pas parfaitement, on tend vers la philosophie, dans une démarche graduelle et guidée par des objectifs qui permettent à l’apprenant d’acquérir petit à petit les compétences propres à la discipline. C’est d’ailleurs le processus commun à tous les champs du savoir : en mathématique, au moment où les enfants sont en train d’apprendre à compter, nul ne doute qu’ils sont en train de faire de la mathématique. »

 

Johanna Hawken

1… 2… 3… Pensez ! Philosophons les enfants ! 10 règles d’or et outils pédagogiques !

(Éditions Chronique sociale, 2019, page 13).

 

Texte reproduit avec l’autorisation de l’autrice.

 

Pour vous procurer le livre de Johanna Hawken (une référence que je vous recommande, vous y trouverez de nombreux outils, des extraits d'ateliers et du contenu pour votre pratique), vous pouvez le commander chez votre libraire, ou ici:

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Pour suivre le travail de Johanna Hawken, rendez-vous à la Maison de la Philo de Romainville (93). Pour voir le site:

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