Un article rédigé par Océane Dumet, intervenante et formatrice bienveillance, fondatrice de MH2 éducation bienveillante (plus de détails à la fin de cet article).
L’estime de soi chez les enfants. Voilà un des éléments clés au bon développement de nos enfants, pourtant beaucoup en manquent. Un problème qui, s’il n’est pas suivi attentivement, peut les accompagner jusqu’à l’âge adulte.
Comment nos enfants pourraient-ils entretenir des relations saines et épanouies avec l’autre s’ils n’ont pas les outils pour être bien avec eux-mêmes ?
Cet article a pour vocation de vous aider à identifier les enjeux d’une estime de soi développée tout en vous proposant des pistes pour accompagner vos enfants dans ce sens.
Mais qu’est-ce que l’estime de soi exactement ?
D’après le site psychologies.com, l’estime de soi est le «Jugement que l'on a de soi et que l'on porte sur soi.»
Développée par James Noley, la théorie de l'estime de soi peut être traduite dans le rapport entre ce que nous sommes en tant qu’individus (apparence physique, réussite sociale) et ce que nous souhaiterions être. La construction de l’estime de soi prend ses racines dès la plus petite enfance, avec ce que Jacques Salomé appelle le biberon relationnel. Autrement dit, comment s’effectue la transmission des messages entre l’enfant et ses parents.
En effet, pour s’accepter, l’enfant a besoin d’un environnement sécurisant et bienveillant dans lequel il se sentira libre d’être lui-même et de s’accepter comme tel.
L’importance de l’estime de soi chez l’enfant
L’estime de soi joue un rôle important à tout âge et à toute étape de notre vie. Il est essentiel de la développer dès l’enfance afin de garantir un développement sain et équilibré durant notre évolution.
L’estime de soi stimule les enfants de manière positive et tend à les rendre optimistes. Ainsi ils sont équipés pour développer des relations saines avec leur environnement. L’estime de soi étant intimement liée à la confiance en soi, elle permet aux enfants de se sentir capables, utiles et ainsi, de se trouver (ou de se créer) une place dans la société.
Lorsque celle-ci est absente, faible ou détériorée, les enfants ont tendance à devenir des individus timides et critiques. Des attitudes qui malheureusement peuvent amener l’enfant à se refermer sur lui-même ou à se montrer agressif, rendant alors difficile son adaptation au sein de son environnement.
COMMENT DÉVELOPPER L’ESTIME DE SOI CHEZ L’ENFANT ?
1. Un environnement sécurisant et bienveillant
Le pilier à tout bon développement de l’estime de soi est la sécurité.
Une sécurité matérielle et émotionnelle apportée par le cadre familial permet à l’enfant de se développer en toute liberté et de s’épanouir pleinement. Il découvre alors la notion d’amour inconditionnel. La possibilité d’être lui-même, tout entier, à travers ses réussites et ses échecs, sans que cela ne vienne interférer l’amour de ses parents et donc, sa sécurité.
2. Valorisez votre enfant par l’encouragement
Un enfant n’a pas toujours la capacité ou le recul nécessaire pour prendre conscience de ses succès, il est alors important en tant que parent de lui faire remarquer de manière positive et constructive. Il est recommandé de se tourner vers l’encouragement plutôt que le compliment. En effet, le compliment va se baser sur un jugement et une opinion alors que l’encouragement va reconnaître l’effort et l’investissement.
Voici un exemple, pour illustrer cette différence :
Compliment : « Tu es un gentil garçon » ou « Tu es une gentille fille ».
Encouragement : « Tu t’es beaucoup concentré(e) pour m’écouter jusqu’ au bout, j’apprécie cela ».
Par l’encouragement, le parent exprime son sentiment et son appréciation face au comportement de l’enfant sans être dans le jugement. De plus le comportement en question est mis en avant et parlé, ce qui permet à l’enfant de comprendre ce qu’il a fait de positif. Cela lui permettra par la suite de reconnaître plus facilement ses futurs succès.
3. Accompagnez votre enfant vers l’autonomie et l’indépendance
Pour se sentir capable et confiant, l’enfant a besoin de se confronter à lui-même et de réaliser qu’il peut faire beaucoup de choses sans l’aide d’un tiers. Vous pouvez l’accompagner dans cette découverte en adaptant son environnement (mettre ses vêtements et ses jouets à portée de main par exemple). Il faut garder à l’esprit que l’enfant agit et se construit par mimétisme, il sera alors très fier d’être capable de s’habiller (ou de mettre la table) comme « un grand ».
Rendre les choses accessibles va également offrir à votre enfant la possibilité de faire des choix et de décider de ce qu’il souhaite faire (aller se reposer, jouer, dessiner…). Toutes les petites choses qu’il sera capable de faire sans avoir besoin de vous solliciter vont développer son autonomie tout en le valorisant. De plus cela va mettre en avant la confiance que vous avez pour lui, ce qui nourrira profondément son estime de lui.
4. Le droit à l’erreur et la persévérance
Le droit à l’erreur permet à l’enfant (et aux parents) de prendre conscience et d’accepter qu’il ne soit pas parfait. En effet l’enfant peut se tromper, mal faire ou ne pas réussir dans l’accomplissement d’une tâche, chose essentielle à son bon développement. Le parent va alors pouvoir lui donner la possibilité de se corriger lui-même et d’arranger les choses. C’est ici que nous retrouvons tout l’intérêt de l’encouragement vu précédemment.
Prenons un exemple. Votre enfant apprend à colorier sans dépasser, vous pourrez alors lui demander :
« Oh je vois que tu t’es beaucoup concentré sur ce travail, es-tu content de toi ? »
Si oui : « alors je suis vraiment content pour toi ! »
Si non : « c’était difficile ? Voudrais-tu recommencer ? (maintenant ou plus tard).
Dans cet exemple, on voit que l’enfant n’est ni jugé, ni découragé.
Il est également important de valoriser les tentatives plutôt que les résultats afin d’éviter de développer une peur de l’échec. Cela valorisera alors le sentiment d’accomplissement sans subir la pression du résultat.
5. Prenez en compte son avis et ses émotions
Il est important d’accompagner l’enfant dans la reconnaissance et l’acceptation de ses émotions. Cela permet d’établir un dialogue et de poser des mots sur un ressenti afin d’éviter la frustration. Reconnaître l’enfant dans ce qu’il est et lui montrer qu’on l’entend lui permettra d’oser s’affirmer et d’exister pour ce qu’il est et ce qu’il ressent.
Il est alors intéressant de lui proposer des solutions afin qu’il puisse décider avec le parent de ce qui va être fait.
Prenons l’exemple de l’enfant qui est fatigué après l’école et qui veut absolument rentrer à la maison. Cependant vous avez une course urgente à faire que vous ne pouvez pas annuler. Vous vous installez dans la voiture et vous lui dites que vous n’allez pas pouvoir rentrer immédiatement. L’enfant se met à pleurer et crier.
Vous pouvez lui dire : « je vois bien que tu sembles fatigué, tu sais moi aussi j’ai eu une grosse journée. Seulement je dois absolument aller à ce rendez-vous, je ferai mon possible pour que ce soit rapide. Maintenant si tu le souhaites tu peux dormir dans la voiture et lorsque nous arriverons à la maison je te réveillerai. Qu’en penses-tu ? Sinon tu peux rester éveillé et nous pouvons parler de ta journée. Que préfères-tu ? »
L’enfant se sent alors entendu dans son émotion et a la possibilité d’un choix restreint pour répondre à son besoin.
6. Supprimez les étiquettes et remplacez-les par des besoins
Les étiquettes collées à un enfant, telles que « hyperactif », « paresseux », « insolant », etc. peuvent avoir de lourdes conséquences sur son épanouissement et son estime de lui-même. En effet l’enfant aura tendance à se conformer à l’étiquette qui lui est attribuée, se sentant alors dévalorisé et incapable de changer. Cela va venir baisser son niveau de confiance en lui. Il en est de même avec les étiquettes dites positives : « intelligent », « beau », etc. qui entraineront une pression sur l’enfant en plus d’une peur de décevoir s’il ne se colle pas à l’image donnée par le parent.
Cela concerne également les surnoms tels que « tête de mule » ou « petit monstre ». En effet ces derniers entraineront les mêmes conséquences que l’étiquette donnée puisque nous restons là encore dans la projection que le parent se fait de l’enfant.
Plutôt que de définir l’enfant par son action, il est préférable de se concentrer sur l’action en elle-même et de verbaliser les faits. Remplacer l’étiquette par la visualisation de ce qu’il se passe.
Par exemple, dites plutôt :
« Tu viens de trébucher. » Et non « Tu es maladroit ».
« Tu viens de dire un mot qui est interdit. Je ne veux plus que tu le redises. » Et non « Tu es grossier ou malpoli ».
« L’information que tu me donnes est inexacte. » et non « Tu es un menteur ».
Il est important de prendre le temps de choisir ses mots, de ralentir et de ne pas réagir sous l’impulsion, même en situation « d’urgence ». Cela nous permet de réaliser un constat dépourvu de jugement, ce qui ne viendra pas ébranler l’estime de l’enfant.
De plus il est important de prendre en compte le besoin de l’enfant caché derrière le comportement et l’étiquette.
Voici quelques exemples :
Anxieux : Besoin de sécurité
Dépendant : Besoin de développer de l’autonomie
Hyperactif : Besoin d’apprendre à adapter son expression motrice selon les situations
Impulsif : Besoin d’apprendre à maitriser ses gestes et réactions
Indiscipliné : Besoin de règles et d’attention
Inhibé : Besoin de s’exprimer
Isolé : Besoin d’apprendre à socialiser
Paresseux : Besoin de motivation
Rejeté : Besoin d’apprendre des habiletés sociales
En se concentrant sur le besoin et non le jugement, l’enfant prend conscience qu’un état n’est jamais figé et qu’il est alors possible d’évoluer en travaillant pour satisfaire les besoins identifiés.
7. Montrez l’exemple à votre enfant et développez son empathie
Comme énoncé précédemment, l’enfant agit et se construit par mimétisme, vous êtes donc son premier modèle. Ce qui veut dire que l’estime que vous avez pour vous-même est un exemple pour votre enfant, qui s’accordera l’importance que vous vous accordez.
Si votre enfant vous voit et vous entend vous juger devant le miroir « je suis trop moche, je suis trop ceci ou trop cela », cela aura nécessairement une influence sur son développement et la façon dont il se jugera lui-même. Il en va de même lorsque vous vous promenez dans la rue. Parfois nous laissons échapper un commentaire sur les personnes croisées, sur leurs particularités physiques, positives ou négatives. Sans même nous en apercevoir, nous émettons un jugement et nous habituons notre esprit à cette tendance cognitive.
Le jugement amenant alors la comparaison, nous générons un sentiment de supériorité ou d’infériorité.
Votre enfant va reproduire ce qu’il voit et considère donc comme « normal ». Le risque étant qu’il n’ose pas exprimer sa singularité tout en se comparant inlassablement aux personnes de son environnement.
Il est ici important de comprendre que les jugements positifs aussi bien que négatifs ont un impact important sur le développement de l’esprit de l’enfant. C’est pour cela qu’il est primordial de faire preuve d’empathie. Si vous lui partagez votre amour et votre bienveillance pour les autres et pour vous-même, votre enfant y sera plus facilement amené.
8. UNE ESTIME DE SOI SAINE ET ÉQUILIBRÉE
Le rôle du parent est d’accompagner son enfant dans son acceptation. Il faut cependant rester vigilant et ne pas en faire trop. En effet un flot continu de félicitations et de survalorisations risquerait de nourrir un égo de manière démesurée, rendant ensuite l’enfant extrêmement sensible à la moindre remarque et ne lui permettant pas d’y faire face.
Le mot d’ordre est donc ÉQUILIBRE.
Les conseils énumérés précédemment vous aideront à trouver le juste milieu et à vous accompagner vers une parentalité positive afin de garantir le bon développement social et émotionnel de vos enfants.
© Océane Dumet, 2020
Cet article a été initialement publié par Océane Dumet sur son site MH2 éducation bienveillante. Pour le visiter: cliquer ici.
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