Films, animés, émissions · 21. mai 2022

LE TABLEAU: un dessin animé sur l'enfance et la société. Pistes de réflexion + 3 dossiers pédagogiques à télécharger

Voici un article rédigé par mon amie et partenaire Evelyne Pipitone pour LaboPhilo qui vous propose quelques pistes de réflexion autour du magnifique film Le Tableau de Jean-François Laguionie. Un dessin animé très riche qui se prête à de nombreux développements thématiques pour des discussions à visée philosophique avec les enfants, et qui invite très profondément à réfléchir sur soi, ses possibles, ses chemins d'évolution.

Vous trouverez également 4 vidéos teasers et 3 dossiers pédagogiques à télécharger gratuitement en fin d'article.

Le tableau

Réalisateur : Jean-François Laguionie, 2011

Animation, 1h16

Musique de Pascal Le Pennec

A partir de 6-7 ans

Synopsis du film

Un château, des jardins fleuris, une forêt menaçante, voilà ce qu’un Peintre, pour des raisons mystérieuses, a laissé inachevé. Dans ce tableau vivent trois sortes de personnages : les Toupins qui sont entièrement peints, les Pafinis auxquels il manque quelques couleurs et les Reufs qui ne sont que des esquisses. S'estimant supérieurs, les Toupins prennent le pouvoir, chassent les Pafinis du château et asservissent les Reufs. Persuadés que seul le Peintre peut ramener l’harmonie en finissant le tableau, Ramo, Lola et Plume décident de partir à sa recherche. Au fil de l’aventure, les questions vont se succéder : qu'est devenu le Peintre ? Pourquoi les a t-il abandonnés ? Pourquoi a-t-il commencé à détruire certaines de ses toiles ! Connaîtront-ils un jour le secret du Peintre ?

Dans ce superbe film d’animation voulu comme une métaphore de l’enfance, nous pouvons y voir aussi celle d’une société tout entière, celle de l’étonnement, de la curiosité et de la volonté de comprendre, de déconstruire pour mieux reconstruire ensemble, de la liberté, de l’injustice et de son contraire, du pouvoir, de l’amour, de l’amitié…Impossible d’être exhaustif tant ce tableau est riche, coloré, au sens propre comme au figuré et qui rend chacun libre d’interprétation. Voici, modeste et incomplète, la mienne.

Les personnages

Ramo : Toupin amoureux de Claire, une Pafinie. Idéaliste épris de justice, sa détermination ne serait-elle pas plutôt guidée par l’amour ?

Lola : Pafinie, plus jeune, vive et curieuse du monde. Sa priorité n’est pas d’être finie, le monde est bien plus intéressant et vaste. Si sa quête véritable n’appartient qu’à elle, elle sait mener le groupe et sera même plus tenace qu’eux. Une quête essentielle ?

Plume : Reuf, « Être ou ne pas Être » est sa question. Si le Peintre ne semble pas discriminer ses différents personnages, Plume se sent tout de même dévalorisé.

Magenta : Petit tambour rencontré au cours du périple ; c’est grâce à Lola qu’il découvrira d’autres décors que celui de la guerre. Sensible et empathique, il semble avoir un petit béguin pour Lola, craint Ramo et deviendra inséparable de Plume dont il tente d’égayer la vie.

Le (Les tableaux)

Trois tableaux apparaissent dans Le Tableau :

- Le château : La société, le pouvoir qui s’exerce et qui se justifie par la différence. Et une référence un peu « divine » dans le discours : Si le tableau n’est pas terminé, c’est la volonté du Peintre !

- La guerre : Là, il n’existe plus de différences sociales mais seulement deux camps opposés, les Rouges et les Verts et évidemment, l’absurdité de la guerre.

- Venise : Ici, c’est le rêve, la fête mais aussi l’illusion car ici, on se cache derrière des masques.

Métaphore de l’enfance, d’un voyage intérieur, ou du parcours d’une vie ?

Les Toupins, grands et imposants, qui se pensent terminés, les sachants qui prennent facilement le pouvoir sur les Pafinis, ces petits êtres en devenir, à qui ils font croire qu’il leur manque l’essentiel (la Grandeur !).

Et les Reufs, asservis, qui se pensent transparents.

«Il vaut mieux être complet que parfait» disait C.G. Jung et il semble que c’est ce que tente de nous dire ce joli film coloré. Un voyage pour découvrir que nous avons déjà tout en nous et surtout, la liberté de choisir notre chemin.

Question métaphysique, s’il en est.

Au-delà de ces questions, ce film pourra également être l’occasion de réfléchir l’esthétique :

- Un imaginaire merveilleux (le dessin) empreint de réalité (les voix et l’atelier du peintre)

- Le graphisme qui mêle génialement image et texture (peinture à l’huile et images de

synthèse), et qui nous pose également la question : Un dessin serait-il un tableau pas terminé ?

- La lumière, y compris pour les passages « sans couleurs ».

Quant à l’Histoire de l’Art, je laisse la place aux spécialistes qui reconnaîtront aisément les influences.

Et la surprise de la fin !

Sur une superbe musique de Pascal Le Pennec, toute en harmonie, comme le message de ce film !

Enjoy !

Des dossiers pour approfondir:

Télécharger le dossier pédagogique: cliquer ici.