Les Portraits Philo-Métiers, c’est quoi? Interview de Célia OUF, praticienne philosophe

Il y a quelques semaines, Célia Ouf m’a proposé de faire mon portrait Philo-Métier. J’ai adoré cette démarche originale et j’ai accepté. Nous nous sommes retrouvés sur Zoom pour une discussion de deux heures, passionnantes. Les concepts que Célia a extraits de notre dialogue sont très pertinents et se placent effectivement au cœur de mon métier et plus amplement de ma vie : liberté, transmission, partage, pédagogie, accompagnement.

Je trouve le travail de Célia si intéressant que je lui ai demandé de répondre à quelques questions pour LaboPhilo afin de nous en dire plus sur elle, sur son travail et aussi si elle voulait bien se prêter au jeu de faire son propre portrait Philo-Métier. Vous le trouverez donc à la suite de cet entretien, avec mon propre portrait, celui de mes amies praticiennes philosophes Laurence Bouchet et Latifa Nejjari, et celui du philosophe Oscar Brenifier.

Julien - Quelle est ta démarche ?

Célia - Mon cheminement est de prendre du plaisir à me questionner sur le monde et particulièrement sur les comportements humains avec une approche philosophique.

La création des portraits Philo-Métier me donne l’opportunité de découvrir et faire découvrir des métiers d’une manière singulière, de pouvoir créer des vocations. Ils permettent aussi de créer un lien entre les lecteurs et la personnalité.

L’animation d’ateliers philo donne un sens plus large à mon existence en contribuant à la diffusion de méthodes de réflexion qui permettent de mieux communiquer avec les autres et ainsi aller vers une société plus en paix.

La consultation Philosophique est un formidable outil de connaissance de soi.

Quel est ton parcours ?

J’ai eu la chance de trouver un métier qui m’a tout de suite plu durant mon stage de 3e au Collège.

Ce stage d’une semaine dans une pharmacie a influencé mon choix d’orientation et j’ai d’ailleurs travaillé 2 ans au début de mon apprentissage dans cette pharmacie.

Il s’agit du métier de Préparatrice en Pharmacie.

J’exerce ce métier depuis 18 ans et aujourd’hui je le fais en parallèle de mes activités de praticienne philosophe.

Comment es-tu arrivée à la pratique Philo ?

J’ai lu beaucoup de livres de Frédéric Lenoir et c’est comme cela que j’ai découvert les ateliers de philosophie pour enfant il y a plusieurs années.

J’ai trouvé cela formidable de faire vivre aux enfants une autre expérience que celle de l’école qui enseigne un savoir. Participer à un atelier de philosophie est une démarche exigeante mais la pensée est mise en action par l’enfant et cela lui apprend à s’engager dans une idée et à développer son esprit critique. Toutes ces compétences sont utiles pour vivre en société.

J’ai eu envie de me former à l’animation de ces ateliers car j’y vois une manière concrète d’agir positivement pour le monde de demain.

Cela m’a amené à découvrir le groupe « Philosophie pour enfants » et j’ai suivi plusieurs initiations aux méthodes d’animation d’atelier.

J’ai découvert la formation individuelle puis collective de Laurence Bouchet en 2021.

Cela m’a appris à utiliser les habiletés de pensées et à travailler les attitudes qui peuvent nous empêcher de réfléchir et ainsi m’engager dans des idées avec plus de clarté.

Je suis actuellement en train de suivre la formation SEVE Paris#24 et cela donne une dimension plus appliquée aux ateliers pour enfants.

Comment est venue cette idée de Philo-Métier ?

Je me suis souvent dit que j’avais eu de la chance de trouver un métier qui me correspondait et je rencontrais beaucoup de gens pour qui ce n’était pas le cas.

Je me posais donc des questions sur ce qui fait qu’un métier nous plait ou non.

Et un jour j’ai eu un déclic, je me suis dit « je vais interviewer les gens sur leur métier » et je comprendrais ainsi mieux pourquoi les gens aiment leur métier. J’ai alors structuré une démarche et des questions pour me permettre d’identifier les concepts qui motivent les individus passionnés par leur métier. Cette démarche repose sur une forme d’interview qui demande ensuite un travail d’interprétation pour en sortir les 3 concepts principaux.

Quels portraits as-tu déjà réalisés ?

J’ai à ce jour publié 25 portraits Philo-Métier de mes proches ou de personnes passionnées dont le travail pouvait m’inspirer. J’ai eu ainsi l’occasion de rencontrer des profils très différents avec notamment des artisans, professionnels de la santé, scientifiques, entrepreneurs, formateurs ou encore des artistes…. Je remercie d’ailleurs toutes les personnes qui m’ont partagé leurs expériences professionnelles.

Comment procèdes-tu ?

Souvent par visioconférence, je pose une dizaine de questions sur le métier de la personne et sur ses goûts. Cet échange dure généralement une heure. Pendant l’interview je peux utiliser le dialogue socratique pour mieux comprendre la personne et ainsi mieux dégager les 3 concepts principaux de notre dialogue. J’écris ensuite un texte pour chaque concept afin d’expliquer pourquoi je pense à ce mot.

Je fais ensuite un montage de plusieurs planches avec un décor pour illustrer les concepts qui animent le professionnel interviewé. Cette partie demande pas mal de temps mais permet de rendre plus agréable et visuelle la lecture du portrait.

De l’entretien à la finalisation, je mets de 3 à 5 heures à créer un portrait Philo-Métier.

Qu’est-ce que tu cherches à montrer ou à faire ressortir dans ces portraits ?

Depuis le début de mon activité philosophique, je cherche avant tout, à travers ces portraits, à comprendre ce qui motive l’humain dans sa profession. Ces portraits me permettent de plus de faire des liens entre des métiers qui, même s’ils sont différents, font appel parfois à des concepts proches.

Aujourd’hui je souhaite proposer la création de portraits Philo-Métier à des collectivités pour mettre en valeur des personnalités locales et faire connaître, leurs métiers au grand public d’une manière originale.

Quelque chose à ajouter ?

Autrement, ces interviews en général montrent que nous avons très souvent des doutes dans ce que nous entreprenons professionnellement mais que notre capacité à ne pas s’arrêter à ces doutes fait la réussite d’un projet.

Pour suivre le travail de Célia sur Instagram : chemin.philo